Jeux-Olympiques oblige, le traditionnel Championnat de Paris qui se déroulait ces dernières années dans la chaufferie (thermostat 7 à certains moments) de la Halle Carpentier, est devenu cette année, excusez du peu, le modeste Championnat du Grand Paris.
C’est rien de dire qu’on y a beaucoup perdu et pas que des points elo.
Déjà il faut y aller.
L’occasion pour moi de découvrir une nouvelle station RER qui contente apparemment 3 populations: Celle du Raincy, de Montfermeil et enfin de Villemomble.
Les statistiques d’en revenir vivant sont certes faibles mais le joueur d’Open ne craint rien d’autre que de tomber dans un piège sur l’échiquier.
C’est la ligne E qui s’y colle: Gare du Nord / Rosa Parks (immense arrêt magnifique c’est ici au retour que je m’arrêterai afin d’y prendre un vélib pour continuer) / Pantin / Noisy le sec / Bondy et on arrive ensuite. Les rames sont superbes.
Un pressentiment sur la tension métaphysique qui allait dominer le tournoi et sur laquelle je reviendrai bientôt m’a fait emporter à chaque fois, tel un missel, un pléiade acquis il y a longtemps mais qui restait à m’attendre dans ma bibliothèque celui de Dostoïevski « Les Démons » (que l’on trouve également parfois sous le titre « Les possédés »).
Les locaux sont des salles de classe nous sommes en effet dans un lycée. Ceci a des avantages mais aussi des inconvénients. Dans ces derniers il faut citer celui de la non communication entre les Open.
En effet 3 Opens et donc 3 étages.
L’Open B qui me concerne est lui même divisé en 3 salles. L’une d’elles d’ailleurs est consacrée par la présence d’un crucifix ce que je ne m’autorise à placer ni du côté de l’avantage ni de celui de l’inconvénient.
Commençons par saluer chaleureusement l’excellente équipe d’arbitrage à la manœuvre: Le facétieux et efficace Jocelyn Azzegag l’aérienne Emelyne Mouillart et l’intervenant de fer Alexis Gobert.
La ronde 1 m’oppose avec les Noirs à un adversaire mieux classé (ils le seront tous) 1786F.
Une Caro-Kann variante Bronstein-Larsen qui ne se déroule pas mal du tout hors un petit pas de côté théorique de ma part…
Nous parvenons à la position ci-dessous et les Blancs sont à la peine côté pendule devant jouer tous les coups maintenant sous les quelques minutes, quasiment en Zeitnot donc.
J’ai pour ma part plus de 40 minutes. Mais, classique, je vais être tenté de jouer aussi vite que lui comme pour l’asphyxier mais un incrément de 30 secondes ne devrait pas être confondu avec un incrément de 5 secondes.
C’est la grande morale de cette rencontre.
Le diagramme montre un tournant. Je vais jouer 38… Ce2 + tentant une répétition qu’il ne saisira pas alors que 38… Ch5+, trouvable, permet ensuite d’avancer le pion f et l’armada des pions Noirs devient vraiment très menaçante… Bref une défaite amère en 47 coups.
Après un Bye bien mérité je rencontre un adversaire, 1699F, avec les Blancs, et une absence de concentration, appelons cela comme ça me permet de rentrer tôt à la maison et ce dés le 24° coup.
Finalement pour l’instant je passe plus de temps à lire les aventures de Stépan Trophimovitch Verkhovenski qui vit chez la veuve Barbara Pétrovna Stavroguine qu’à jouer aux échecs.
Je double les Blancs pour la ronde 4 et m’offre un Gambit Staunton qui se déroule vraiment pas mal. Une gaffe vers la fin me fait revenir rapidement du côté de St Petersbourg.
Graphe ci-dessous.
Pour la ronde 5 (1707F) j’ai les Noirs et ça se passe bien je suis plutôt confiant car je sens qu’un léger avantage se creuse et puis…
Caramba encore raté !
Je vais jouer pour la première fois de ma vie au dernier échiquier d’un Open. Et deux fois de suite. Je commence à envier ceux de la salle d’à côté, celle avec le crucifix !!!
Pour la 6° ronde je rencontre avec les Noirs un adversaire (1751) contre lequel je déroule une Caro-Kann variante Bronstein-Larsen.
Dans la position ci-dessous je viens de jouer 19… Rc7 et j’ai l’impression que la situation est désagréable mais pour les deux joueurs. Je ne suis pas fâché d’avoir coincé l’une de ses tours avec mon fou. Mais la situation va se déliter.
5° défaite d’affilé cela ne m’était jamais arrivé. Commence alors la rédaction d’un mail en direction de l’Institut Catholique de Paris que je connais bien pour y avoir un temps été inscrit en philo… ils vont m’entendre les curés !!!
Ronde 7 mon adversaire (1668) va subir sans ciller mon système de Londres bien émoussé.
Au 37° coup (diag) nous entrons dans une finale Tour + 4P qui ne donnera rien. Nulle signée au 54° coup.
Je préviens les arbitres qu’ils ne me verront pas aux rondes 8 et 9; une place vient de se libérer dans le vol Alfortville-Saint-Pierre de Rome de demain matin.
A bientôt ici ou ailleurs.
Toujours l’auto-dérision et toujours aussi drôle, Krusti. Toutes qualités humaines dont sont cruellement privés les personnages des Démons.
On en redemande !
Merci beaucoup Lucie.