Tournoi fermé à Tours.

Voilà j’ai enfin mis les pieds dans les nouveaux locaux de l’échiquier Tourangeau.
Alors bien sûr je vois d’ici les turons historiques sursauter… Nouveaux locaux ? Non mais ça va pas Krusti ?
Explication :
La dernière fois que je suis passé visiter les locaux de ce noble club c’était lorsqu’ils se situaient à l’étage de l’Univers, la célèbre brasserie tourangelle place Jean-Jaurès.
Nous voilà maintenant place Thiers, enfin place de la liberté c’est selon…


Un quartier que je connais bien pour un tas de raisons. Tout jeune homme j’y ai loué un appartement à quelques dizaines de mètres Avenue du Général de Gaulle…
Et puis tous ceux de ma génération ont fait l’expérience, de retour du Baldakan ou bien d’ailleurs, des croissants à 4 ou 5 heures du matin le dimanche qu’il était possible d’acheter via le minuscule vasistas au sol d’une boulangerie qui nous permettait de distinguer de manière surplombante les artisans à l’œuvre qui nous tendaient ce que nous commandions, croissants et pains au chocolat, contre quelques francs… le monde bohème de la nuit au contact direct de la France qui se levait bien tôt pour nous satisfaire. Enfin je vous parle d’un temps où nous disposions d’un ministère du temps libre.

Le tout dans une joie bien innocente: celle des années 80. Joie innocente … je suis un peu gonflé.

La boulangerie existe toujours.

Le vasistas condamné devrait comporter une plaque « Ici Krusti, après avoir enflammé toute la nuit le dancefloor, venait parfois se restaurer d’un croissant ».
A la place ils ont mis la statue de Jean Royer. Comprenne qui pourra.
Bon, l’homme bien qu’ultra réactionnaire n’était pas sans vision, son combat contre les excès des grandes surfaces est d’ailleurs sans doute à réévaluer…
Bref.

Toujours très agréable ces retours en terre sacrée.
Logeant pour l’occasion face à mon fleuve fétiche je me suis dit que cela faisait des années que je n’avais pas vu la Loire aussi haute et malgré le danger c’est un plaisir paradoxal mais un plaisir tout de même.

Crédit photos ci-dessus Isabelle Hucault.

Parlons échecs maintenant.
L’échiquier tourangeau qui accueille ce tournoi fermé est tout ce que j’aime

Vintage dans son entrée, entièrement dédié à notre jeu et animé pour l’heure par ceux que l’on ne présente plus: La dream-team tourangelle je veux parler bien sûr des très excellents François Le Guillou et Paul-Adrien Sally.

Il s’agit là d’un Tournoi fermé à la mémoire de Franck Chandran 6° édition c’est dire si l’affaire est rodée.
Il fallait s’inscrire tôt pour en être et j’étais dans les premiers à n’en pas douter.

Un peu comme pour le tournoi fermé de Joinville le Pont première édition récemment, parallèle qui n’est pas fortuit vu que le boss de Joinville ne cache pas son inspiration du tournoi tourangeau pour organiser le sien et de fort belle manière.

Le même, Jean-Michel Coll il faut le nommer, reste d’ailleurs ma dernière défaite officielle et depuis, sur 8 rencontres, j’alterne victoires et nulles c’est dire si je me présente en Indre-et-Loire avec quelques ambitions.

Comme toujours quand je reviens en Touraine la dure réalité me rattrape !

Le groupe E dans lequel je joue est extraordinairement homogène et nous sommes tous 16xx dans une poignée de 42 points !!!

Ronde 1 mon adversaire est licencié à Blois et nous échangeons autour de cette bonne ville que je connais bien pour y avoir bossé plusieurs années c’était l’époque durant laquelle Jack Lang en était le député. Ça ne s’invente pas.

M’intéressant depuis peu mais encore d’assez loin à la défense balte du Gambit dame refusé je me suis lancé dans une opération qui a eu pour effet de me mettre dans le dur très tôt avec un pion de retard. Le graphe montre tout cela très bien je n’ai jamais été devant et suis resté toujours en apnée.

J’ai proposé nulle en milieu de partie d’une voix discrète mais j’ai compris la volonté bien légitime de poursuivre des blancs et je ne me suis pas montré fâché quand la répétition des coups sur l’échiquier s’est déroulée après 3h30 de jeu à l’initiative surprenante de mon adversaire.

C’est vrai qu’il semblait avoir fait le tour et qu’il ne trouvait plus d’idée. Celle d’abandonner un pion du centre pour augmenter la pression ne lui convenant pas. Il termine donc en répétant les échecs sur la 7° rangée

Ronde 2 je double les Noirs.
Caro-Kann variante d’échange et il me semble qu’elle se déroule magnifiquement.

Le graphe montre que ce qui est magnifique pour moi est tout à fait neutre et banal pour l’ordi… Et du coup mon adversaire, qui à mon avis se sentait tout de même un peu dominé, se retrouve à répéter les coups dans la position ci-dessous.

Bon, deux nulles avec les noirs au bout de la première journée, nulles que je n’ai pas été réclamer mais que je ne suis pas mécontent d’engranger. Mes ambitions sont cela dit revues à la baisse mais la série sans défaite est maintenant de 10 parties. On a les satisfactions que l’on peut.

Ronde 3 j’ai les blancs.

Système de Londres.
Le repas d’hier au Bœuf sur la place, et peut-être plus encore le plateau de fromages qui allait avec, justifie sans doute le peu d’énergie que j’ai ce matin à mettre dans cette joute.
De plus, et c’est peut-être le fruit de mon imagination (« L’imagination, maîtresse d’erreur et de fausseté, d’autant plus fourbe qu’elle ne l’est pas toujours. » comme disait Blaise…) il me semble que mon adversaire repartirait bien volontiers avec le ½ point.
En effet son compteur est toujours à zéro après deux rondes et même si cela ne tient à rien que de symbolique, mon élo est supérieur au sien ce qui psychologiquement peut jouer.
Par conséquent je lui propose nulle dans une position égale et assez tôt ce qu’il accepte avec grand sourire. Il faut dire que j’aime faire plaisir. Non j’déconne.

Ronde 4 j’ai les Noirs.

Ce match est un attentat, une atteinte au bon goût, à la morale ainsi qu’à la géométrie.
Mon adversaire, l’insensé, va mettre brutalement un terme à une série de 11 matchs sans défaite.
Mais que s’est-il passé ?
Więc co zrobiłem ? Pour le hurler en polonais ce qui n’aurait rien changé mais m’aurait bien, sur l’instant, soulagé !!!

Mon adversaire a deux qualités : il joue le système de Londres et la Caro Kann.
Et d’ailleurs la Caro-Kann variante Bronstein-Larsen lorsqu’il le peut, je m’en apercevrais plus tard… mais pour l’heure il a contre moi les Blancs et déroule son système que je me pique de ne pas trop mal connaitre.
Je vais alors, au 15° coup, me laisser aller complétement et perdre un pion sur une tactique de base pour finalement abandonner au 19°.
Consternation.

Une seule solution, me rendre à des fins quasi-religieuses et pour me ressourcer rue de l’espérance qui est à proximité du lieu de ce crime.

La dernière ronde m’oppose au plus jeune participant qui vient du Vésinet.
Il a deux défauts: il renifle beaucoup et dispose souvent d’une barquette de noisettes et autres fèves que bruyamment il croque à différents moments.
Mais ça c’était la veille ce matin il est parfait.
J’ai les Blancs et déroule mon système de Londres de manière je crois inespéré.
Les Noirs se retrouvent asphyxiés et je n’ai plus qu’à porter l’estocade. Elle ne viendra jamais. Nulle sur proposition de mon adversaire particulièrement conscient de revenir de loin.

Voilà, quatre nulles et une défaite mais tellement content d’avoir (re)joué à Tours.
Post-scriptum avant Malakoff.
45 parties officielles depuis le début de la saison

Avec les Blancs:

Avec les Noirs:

A bientôt ici ou ailleurs.

2 réflexions au sujet de “Tournoi fermé à Tours.”

Laisser un commentaire