Les voyageurs pour Tours continuent…

Après une école primaire intégrale à Joué-lès-Tours au morier, j’ai tout fait à Tours.
Le collège, le lycée un peu de fac, des stages, le taf… J’y ai même, sur un temps très court, fréquenté parfois des joueurs d’échecs de l’échiquier Tourangeau, comme Didier Boivin ou bien l’un des frères Pineau, à l’époque bénie où ce club avait ses locaux dans l’arrière-salle d’une déjà grande brasserie tourangelle à savoir l’Univers.
Monsieur Mannequin, mon prof de gym (comme on disait à l’époque) au collège, organisait une activité « échecs » juste après la cantine.
J’en étais.
Gloire soit rendue à ce si sympathique enseignant et immense passeur du jeu.
J’ai fait les 400 coups à Tours et sans doute, hélas, un peu plus… Mais jamais je n’y avais participé à un tournoi d’échecs international. C’est chose faite aujourd’hui et j’en suis ravi.
Grand Merci et Bravo à François Le Guillou Président de l’Échiquier Tourangeau à l’équipe d’arbitrage, efficace, bienveillante et rassurante, composée de Paul-Adrien SALLY (AFE1) Arbitre principal et à ses adjoints, Jean-Noël GRATEAU (AFO2) et Julie COLIN (AFO2).
Voilà une salle bien chargée pour moi…. Il faut dire que j’y suis intervenu durant la campagne de 81 sous Giscard quand Jean-Pierre Chevènement était venu faire campagne pour son champion. Outch !!!
A l’issue d’un long meeting endiablé, comme le voulait la coutume, il avait fait circuler la parole. Je fus le premier à lever la main pour intervenir et j’ai donc pris la parole dans cette immense salle sur le sujet de l’objection de conscience (et du statut inique qui allait avec) ainsi que sur l’existence scandaleuse des TPFA. Il m’avait répondu dans le bon sens et avait élargi le sujet à ce qu’on appelait alors « La bombe ».
Bref.
L’Hôtel de ville de Tours… je n’y ai vécu que des grandes choses … je n’évoque pas les séances du conseil municipal que parfois nous perturbions car elles se tenaient dans une salle un peu plus loin. C’était du temps de Jean-Royer, les moins de 20 ans, non de 40, aïe, ne peuvent pas comprendre. Je n’évoque pas mon mariage dans la salle d’à côté je l’évoquerai lors de la ronde 7.

Ronde 1.

La météo est bien pourrie, la chambre de l’Hôtel rue de la rôtisserie est petite mais cosy (il faut dire aussi et surtout que c’est excellemment placé (au cœur de la vieille ville et à deux pas de l’ancien Atomic Café dans lequel j’ai œuvré comme Barman lors d’une de mes plus belles aventures de l’époque…)), enfin le tirage au sort est prudent qui ne me place pas face à un elo hors d’atteinte.
Cela me fait drôle, 42 ans après avoir aidé à précipiter le pays dans le collectivisme (on peut rire non ?) de me retrouver à jouer aux échecs dans cette salle si splendide et sous le regard bienveillant de mon si cher René Descartes.

J’ai les Blancs et je démarre bien entendu avec le Système de Londres. La partie va être assez longue, à rebondissements d’une certaine manière car je vais voir mon avance fondre et je vais enfin, dans la position ci-dessous où l’on voit que je suis passé de 2 à 1 pion seulement d’avance en dehors de tout autre paramètre, prendre un avantage définitif.

Les Noirs viennent de jouer 35… Rh5-g6 ce qui d’après l’ordi est une gaffe qui les fait passer d’une position égale à une position perdante. Mais moi bien sûr je ne vois pas tout ça. En tous cas je n’ai pas une jauge aussi nette à l’esprit. Toutefois je considère mon principal coup candidat, 36.d5, immédiatement avec une grande attention. Il me faut donner de l’air à mon Fou et gagner de l’espace pour mes Tours. En outre même s’il est un peu grossier je tends un piège à mon adversaire ce qui maintient la tension. En effet mon pion d5 est prenable en un sens puisque e4, lui, est cloué, du fait du vis à vis de nos tours sur cette colonne. Oui mais voilà, il y aurait, en cas de 36… Cxd5 un 37 Tg2+ intermédiaire qui me permettrait de prendre ensuite le cavalier.
C’est pratiquement ce qui va se passer mais, élément aggravant pour les Noirs, c’est avec la Tour qu’ils vont prendre mon pion d5.

Résultat une tour d’avance pour deux pions.
N B. J’avais terminé victorieusement l’année précédente au tournoi de Bois-Colombes avec les Blancs et le même système d’ouverture. Je ne suis pas superstitieux mais il reste toujours un peu de place pour le jeu des symboles. La journée devient radieuse. Non je déconne la météo est toujours épouvantable et la pluie battante, notre périple gastronomique démarrera donc demain pour l’heure nous déjeunerons à l’Univers = je fais au plus simple.
Joignant le plaisir de jouer à celui d’être à Tours je m’aperçois que je vais glisser vers une présence à l’Hôtel de ville pour les rondes impairs uniquement, même si cela va sans aucun doute me couper des récompenses prévues par l’organisation du tournoi. Adieu les chèques adieu les coupes.

Ronde 3 Mon adversaire a un elo qui dépasse et le mien et les 1800. J’ai les Noirs et ma Caro-Kann variante des deux cavaliers tient bon et durant les 20 premiers coups rien de spécial à l’horizon. La situation est encore soi-disant proche de l’égalité ci-dessous au 38° coup après c4 joué par les Blancs mais en vérité je ne me remettrai pas du pion de moins à ce stade.

Défaite cruelle mais pas injuste. Du coup repas au Laurenty rue Colbert. Délicieux.
Le soir cinéma « Le temps d’aimer », très embarrassant. A éviter.

Ronde 5 je marche sur l’eau et dédie cette victoire à Matthieu Bissières ainsi qu’à Meteore. Dans la position ci-dessous mon adversaire va replacer son cavalier en d7 et si j’ai joué g4 puis g5 ce n’est pas pour rien et…

… je vais sacrifier mon fou en h7, déplacer ma dame sur la colonne h, sacrifier mon autre fou en g7 et ensuite… ce n’est pas si clair mais je sens que ma tour en h8 pourrait bien… et mon pion g… bref c’est mon immortelle du moment.

Pour fêter ça nous nous rendons dans ce nouveau restau dont tout le 37 parle en ce moment à savoir « Les Brocanteurs » place de la victoire. Une tuerie…
Le soir cinéma « L’innocence » de Kore-eda , sublimissime. A voir absolument.

Ronde 7
Je rencontre un jeune joueur et joue pour la première fois officiellement, avec les noirs, la variante Tartakover (ou Kortchnoï) dela Caro-Kann à savoir une reprise dans la position ci-dessous avec le pion e.

Une partie tendue et concentrée. Je propose nulle dans la position ci-dessous après 28 Dc7. Acceptée immédiatement.

Direction « Le mastroquet », super restaurant familial dans le bon sens du terme et le soir cinéma « Past lives nos vies d’avant » assez bizarre et très oubliable (je sauve Greta Lee, la comédienne tenant le rôle principal).

Ronde 9

Le tournoi se passe bien. Je suis en passe de ramener des points elo à Paris. Pour la dernière ronde je tombe sur un adversaire bien au-dessus des 1800 mais je reste confiant. Il ne me semble pas faire un super tournoi. Lorsqu’il joué 1.d4 f5 je n’hésite pas et lance immédiatement mon pion du gambit en e4. Le Gambit Staunton. Je raffole. Las je vais me mélanger les pinceaux en négligeant bêtement la reprise du pion dans de bonnes conditions et je vais même pousser le vice à en sacrifier un second m’imaginant des compensations qui n’existent que dans mon esprit fatigué par cette semaine intense. Partie intéressante cela dit mais défaite au bout du compte.
Direction « Le Turon » rue Colbert et soirée cinéma et nostalgie avec « Love Actually » parce-que les britanniques arrivent toujours à nous faire, un peu, rire, même (ou surtout) lorsqu’ils parlent des grands sentiments.
Longue vie à l’échiquier Tourangeau.
A bientôt ici ou ailleurs.

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